SOCIÉTÉ FRANÇAISE DU COSTA-RICA
But et origine de la Société
Rapport de M. Emile Jore Vice-Consul de France
(présenté à l´Assemblée Générale du 18 Août 1895).
Mes chers Compatriotes
Je vous avais demandé votre concours pour que nous fassions, à l’occasion du 14 Juillet dernier, une œuvre Française utile et durable au Costa-Rica.
Vous y avez répondu avec un élan et une générosité qui ont dépassé toutes mes espérances.
Vous avez d’un seul coup versé une somme de mille deux piastres destinée à constituer un capital social indisponible dont les revenus seulement pourront être employés en secours ou en œuvres Françaises, ainsi qu’il a été convenu entre nous, lors de notre réunion générale du 11 Juillet dernier. Le même jour vous m’ avez chargé d’étudier l’organisation de cette nouvelle société et de vous présenter un rapport à ce sujet.
Voici le résultat des observations que j’ai á vous soumettre, après une étude consciencieuse de la situation générale de notre petite mais excellente Colonie et aussi de celle du pays dans lequel une si bienveillante hospitalité nous est offerte.
Depuis les quelques mois que je suis parmi vous et d’après ce qui s’est passé antérieurement, j’ai constaté, avec peine, que les secours que nous distribuions généreusement ne produisaient presque jamais les résultats que nous en attendions.
Le plus souvent nous venons en aide à des nationaux qui n’ont d’autre but que celui de vivre aux dépens du bon cœur de leurs compatriotes. Je sais bien que la charité doit être aveugle et que nous ne saurions abandonner complétement nos concitoyens, bons ou mauvais, qui pourraient se trouver ici dénués de toutes ressources.
Mais je pense que nous devons nous mettre en garde contre notre propre générosité et qu’il est de notre devoir d’en limiter autant que possible les effets.
Il faut que nous proportionnions toujours nos bienfaits à nos ressources présentes.
Nous ne devons jamais oublier que s’il y a un nécessiteux aujourd’hui il y en aura peut-être deux demain et que ces derniers ne doivent pas souffrir des largesses faites au premier.
Les difficultés qu’entraine la répartition des secours ont causé à plusieurs reprises la chute de nos sociétés de bienfaisance antérieures.
Cette Société ne devant être composée, jusqu’à nouvel ordre, que de membres donateurs, j´ai pensé que nous pourrions parer à ce danger et fonder une œuvre définitive: – 1. en y intéressant plus directement tous ceux qui veulent bien en faire partie; 2. en précisant autant que possible les conditions et le montant de nos secours.
Aussi n’est-ce pas une simple société de bienfaisance que je vous propose de constituer mais une association destinée à fortifier la Colonie Française auCosta-Rica par des œuvres d’union et de confraternité.
Cette définition générale est à elle seule l’énoncé d’un vaste programme dans les détails duquel il est inutile que j’entre ici et qui ne pourra du reste se réaliser qu’avec temps et de l’argent.
Nous aurons notamment à faire mieux connaître et apprécier par nos compatriotes de France ce riche pays du Costa-Rica où nous avons déjà de si solides sympathies.
Le chapitre de la Bienfaisance y étant évidemment compris, c’est le premier dont nous devons nous occuper et qu’il nous est possible de traiter dès à présent, sans perdre toutefois de vue le but patriotique que nous poursuivons, puisqu’il n’est autre que la prospérité de la Colonie Française au Costa Rica.
Le capital indisponible que je vous propose de constituer et qui chaque année va s’accroitre plus rapidement peut-être que vous ne le supposez sera le germe fécond qui nous permettra de réaliser nos projets d’avenir. Les autres ressources de la Société seront, des à présent, mises en tout ou en partie, à la disposition de nos nationaux indigents.
C’est en tenant compte des considérations générales que je viens de vous exposer très brévement, pénétré de l’utilité de cette association Française et sachant bien que l’ordre et l’économie peuvent seuls nous faire réussir, que j’ai l’honneur de vous soumettre le projet de règlement suivant qui pose les bases de notre Société, mais traite plus spécialement du Chapitre 1er de notre œuvre, celui de la Bienfaisance.
Je compte au surplus, mes chers compatriotes, sur vos avis, votre expérience et votre patriotisme pour m’aider à terminer et mener à bien la tâche que vous m’avez confiée.
San José, 10 Août 1895.
EMILE JORE
STATUTS DE LA SOCIÉTÉ FRANCAISE DU COSTA RICA
